Les ECHOS du 03.05 de André-Benoît Drappier doyen Escaut et Sensée

Quelques informations et pistes de réflexions pour ses temps de confinement.

Un message de notre évêque

 

A tous les diocésains

La pandémie de coronavirus est une épreuve pour toute l'humanité. Celle-ci est amenée à

s'interroger sur les repères du développement économique et technologique, sur les solidarités

à renforcer, sur le respect de la vie humaine et de toute la création. Comme chrétiens chargés

d'annoncer et de vivre l'évangile du Christ ressuscité, nous avons notre part dans ces débats et

ces projets concernant l'avenir de l'humanité. La prière et la relecture des événements à la

lumière de l'Evangile sont d'une aide précieuse. Le questionnaire téléchargeable ci-dessous,

élaboré par le Père Mathieu Dervaux en lien avec les membres du Conseil Episcopal se veut un

encouragement et un soutien à chaque baptisé et personne attirée par le Christ. Il pourra servir

de base pour les rencontres à tous les niveaux de la vie diocésaine, dans les prochains mois

quand elles seront à nouveau possibles.

Dans la joie du Christ ressuscité.

 

Mgr Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

 

Une proposition de l’abbé Mathieu Dervaux

 

En temps de crise, Dieu nous parle et nous invite à réagir

Dieu parle en tout temps mais certainement cette parole se fait plus incisive en temps de

crise.Face à la pandémie du Covid 19, Il nous invite à l’écouter, Lui que Jésus nous présente

comme Père, pour un changement et un ajustement à son projet de salut pour tous les

hommes.

La société civile elle-même sent bien qu’elle est appelée à un changement. Beaucoup disent :

« Le monde d’après ne sera pas le monde d’avant. Nous devons changer ».

Comment bâtir un monde meilleur, avec plus de justice entre les hommes, ajusté à la nature,

plus fraternel, plus simple et plus paisible?

Comme chrétiens, nous ne pouvons pas passer à côté de cette réflexion.

Nous croyons que Dieu nous parle, et qu’Il nous invite à bâtir ce monde meilleur, à tous les

niveaux: au niveau personnel, familial, au niveau d’un village, d’une ville, d’une région, d’un pays

et au niveau international.

L’Eglise, elle aussi, comme institution au milieu du monde, est appelée à la conversion.

Aussi, pendant ce temps de crise, il est important de nous mettre à l’écoute du Seigneur d’une

manière particulière et d’écrire nos réflexions.

Voici quelques pistes qui peuvent nous aider :

Pendant ces semaines, qu’est-ce qui me marque, dans ma vie personnelle, dans la vie de mon

entourage, de ma famille, dans la vie du monde, dans la vie de l’Eglise ? Qu’est-ce qui me fait

souffrir ? Qu’est-ce qui me rend triste ? Qu’est-ce qui me donne de la joie ? Qu’est-ce qui me

donne de l’espérance ?

Y-a-t-il un ou des passages de l’Ancien Testament ou du Nouveau Testament qui me parlent

particulièrement ?

Y-a-t-il des lectures (roman, articles....philosophie, histoire, politique, théologie, spiritualité...)

ou des émissions télévisées, radiophoniques ou vues sur Internet qui m’ont marqué ou qui me

reviennent à l’esprit ?

A mon avis, à quels changements suis-je appelé ? A quels changements la société est-elle

appelée ? A quels changements l’Eglise est-elle appelée (ma paroisse, mon mouvement, les

équipes auxquelles j’appartiens, le diocèse…) ? Qu’est-ce qui nous semble essentiel ?

Que devons-nous ‘abandonner’ ?

Que devons-nous inventer?

Il est important d’écrire, car nous avons la mémoire courte. Quand la crise sera passée (nul ne

sait quand...), nous aurons vite fait d’oublier nos réflexions et les appels que nous aurons

entendus.Quand cela sera possible, nous aurons plaisir à nous retrouver avec nos équipes et

nous partagerons nos réflexions. Cela nous aidera à répondre aux appels du Seigneur.

Bonne réflexion! Bonne prière, car cela doit se vivre dans la prière, en demandant l’Esprit Saint, en écoutant la Parole de Dieu et en permettant au Seigneur de s’exprimer dans le silence de nos

coeurs !

Père Mathieu Dervaux,

Vicaire général pour l’évangélisation, avec le Conseil Episcopal.

 

 

Une médiation de l’Évangile par un évêque

 

Une MERCI À Mgr LEBORGNE, évêque d'Amiens et vice-président de la Conférence épiscopale, pour sa lettre aux baptisés de la Somme sur la privation de messes ! Langage de pasteur diocésain et de témoin du Christ, dans le monde actuel tel qu'il est réellement :

 

Jeudi 30 avril.

 

Chers amis, chers frères et soeurs,

Le Premier ministre a annoncé mardi dernier les premières mesures pour le déconfinement.

Nous ne pourrons pas nous réunir pour célébrer la messe avant le 2 juin. L’épreuve est rude.

Après le carême, le temps de Pâques est aussi cette année un temps de dépouillement.

Ma pensée va d’abord vers les catéchumènes qui devaient être baptisés à Pâques, puis à la

Pentecôte, ainsi que vers tous les confirmands qui attendent avec impatience le don de l’Esprit

Saint. Je les assure de ma communion profonde. Très vite, nous vous ferons des propositions

précises pour célébrer le don de Dieu. Ne vous laissez pas troubler. Le Seigneur de la vie ne

nous abandonne jamais dans l’épreuve. Redites-lui chaque jour votre amour et votre désir, il

vous comblera au-delà de ce que vous pouvez imaginer.

 

Ma pensée va aussi vers les personnes durement atteintes par la maladie et vers les familles

endeuillées. Elles savent sans doute mieux que tous les enjeux de ce que nous vivons et sont

reconnaissantes envers tous les membres de la société qui nous accompagnent dans cette

pandémie.

 

Ma pensée va encore vers les personnes seules ou en précarité : l’exercice de la charité et de la

solidarité telles que l’Evangile nous y invite est considérablement gêné. Nous voulons, dans

l’Esprit Saint, continuer à être inventifs.

 

Ma pensée va enfin vers vous tous : l’eucharistie nous manque.

Beaucoup m’ont dit leur profonde tristesse, certains m’ont fait part de leur colère. Je le

comprends d’autant plus que je suis passé par là. Pourquoi les rassemblements cultuels seraient

plus dangereux que les rassemblements économiques ou éducatifs ? Les chrétiens n’ont-ils pas

montré, depuis le début, un sens de la responsabilité aiguisé pour mettre en oeuvre les mesures

exigées par la situation, y aurait-il à leur égard une certaine défiance ? Quelle conception de la

personne humaine promeut-on : n’est-elle qu’un consommateur ? La relation et la dimension

spirituelle ne sont-elles pas des dimensions structurantes de la croissance humaine et de la vie

sociale ? Ces questions, parmi d’autres, sont légitimes, et il nous faut savoir les poser.

L’Église a plus que jamais à être prophétique. Mais qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui ?

Demandons à l’Esprit de venir traverser les sentiments qui nous habitent et nous évangéliser.

Nous respecterons donc les consignes qui nous ont été transmises. Si elles n’autorisent pas la

reprise du culte communautaire public, elles permettent cependant un certain nombre

d’initiatives, y compris sacramentelles. Soyons inventifs.

 

Mais n’en restons pas là.

Je suis convaincu que l’Esprit Saint nous convoque pour vivre ce temps de jeûne eucharistique

imposé de manière… eucharistique !

L’eucharistie n’est pas un dû mais un don. Un don gratuit de la folie de la miséricorde de Dieu.

Parfois, nous avons pu regarder les sacrements comme un droit, d’autres fois nous les avons

négligés comme banals. Demandons pardon au Seigneur et invoquons l’Esprit pour qu’il nous

fasse entrer dans le désir de Jésus : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâques avec vous» (Lc 22,24).

Demandons-lui de redécouvrir l’inouï gratuité de son amour aussi pour ne plus

jamais regarder une personne humaine comme un objet ou un instrument.

C’est par les tables de la Parole de Dieu et du Corps du Christ, nous rappelle le Concile Vatican

II2, que le « pain de vie », le Seigneur, se rend réellement présent et se donne à chaque messe.

La meilleure préparation à l’eucharistie et ce qui nous en rapproche le plus quand on ne peut

pas y participer, c’est de prier la Parole de Dieu et de vivre un temps d’échange avec notre

famille ou nos proches. Certains en font la très belle expérience pendant le confinement. Il

faut poursuivre nos efforts en ce sens. Pour que la Parole de Dieu habite en nous et que nous

habitions en elle. Pour que nos maisons deviennent, là où c’est possible, d’authentiques églises

domestiques.

 

L’eucharistie n’a pas d’autre visée que de constituer l’Eglise comme Corps du Christ : ainsi, en

recevant le corps du Christ, nous devenons membres d’un Corps dont le Christ est la tête,

convoquée à une fraternité d’une profondeur divine puisqu’elle a pour fondement le Christ

frère (cf. Hb 2). Permettez-moi de vous le dire, j’ai trop entendu dans les suites du synode

diocésain : « mais nous le vivons déjà ». C’est vrai, bien-sûr. La vie évangélique ne nous a pas

attendus. En même temps, ce n’est pas vrai : cette fraternité est un don toujours à accueillir de

manière renouvelée. Et je vois que s’il y a des choses merveilleuses, il y a en même temps

encore bien du chemin à accomplir à ce sujet dans nos communautés. En travaillant notre soif

de l’eucharistie, que l’Esprit Saint nous y rende disponible.

Le Corps eucharistique, celui du Seigneur Jésus ressuscité réellement présent dans les saintes

espèces comme celui qu’il constitue en faisant de nous ses membres, est un Corps livré.

L’eucharistie est toujours ordonnée à la charité. Le développement de notre piété eucharistique

ne sera authentique que si se développent en même temps la charité et la diaconie. En ces

temps difficiles, cela prend une force toute particulière. Et nous convoque. Que l’Esprit Saint

nous y prépare.

« Regardez l’humilité de Dieu » dit de manière très profonde un chant liturgique. Aujourd’hui, il

ne s’agit plus seulement de la regarder, mais de nous y laisser entraîner, de la vivre avec Lui,

d’entrer dans son mystère pascal de dépouillement, d’offrande et de don. Nous ne pouvons plus

offrir ensemble le pain et le vin, offrons-nous avec le Christ qui s’offre « pour la multitude »

dans l’incertitude de ces jours. Nous ne pouvons plus célébrer ensemble l’action de grâce de

Jésus au Père, plus que jamais alors devenons les hommes et les femmes de l’action de grâce, de

la gratitude, à l’affût du travail de la grâce aujourd’hui au coeur de ce monde. Il y a là une

responsabilité politique, pour le bien commun. Car à l’affut de la grâce, nous saurons l’accueillir,

nous y engager et déployer ce qu’elle veut pour notre monde.

Comme j’ai hâte de vous retrouver pour célébrer l’eucharistie !. L’eucharistie nous manque.

C’est l’Esprit Saint qui en creuse en nous le désir jusqu’à la douleur. Mais Jésus ne nous manque

pas.

Une dernière invitation : profitons de ce mois de mai pour demander et recevoir le sacrement

de la pénitence et de la réconciliation. C’est possible dès maintenant. Pour redécouvrir la

puissance de l’Eucharistie – « l’énergie nucléaire de l’amour » disait Don Helder Camara -, il

nous faut redécouvrir le sacrement de la réconciliation comme celui de la renaissance, de la

jeunesse éternelle de Dieu qui nous est redonnée, de son espérance et de notre avenir.

Ce temps que nous avons à vivre est un véritable exode, au sens biblique du terme, une Pâque,

un passage vers la terre de salut que Dieu veut nous donner. Ayons confiance. Comme Thomas

nous l’a montré dans l’Evangile que nous entendions le dimanche de la miséricorde (Jn 20,19-

29), le Christ ressuscité se donne sans lassitude et ne cesse de déverrouiller toutes les prisons

que nous construisons et reconstruisons, même après son passage parmi nous et le don de sa

paix et de son Esprit.

 

« Bonjour Esprit-Saint, je t’aime Esprit-Saint, que tout se passe pour moi, pour nous dans ton

souffle, selon ta volonté... »

Alors que nous marchons vers la fête de la Pentecôte et le renouvellement de la consécration

du diocèse à Marie, que le Seigneur de la paix vous bénisse. >>

 

Bonne méditation à tous.

Article publié par joseph gisbert • Publié le Lundi 04 mai 2020 • 213 visites

keyboard_arrow_up